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    Olivier Mosset
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Olivier Mosset

Texte de l’exposition du Carré d’art-musée d’art contemporain de Nîmes (du 14 octobre 2004 au 9 janvier 2005)

Olivier Mosset est né à Berne en 1944. Installé aux USA depuis 1977, il vit et travaille à Tucson, Arizona. Il poursuit depuis une œuvre peint extrêmement cohérent autour des questions de signature, d’appropriation et de répétition. Eludant les enjeux de composition qui marquent l’abstraction géométrique de l’Entre-deux–Guerres grâce à sa connaissance du milieu des Nouveaux Réalistes, notamment de Jean Tinguely et au premier regard porté sur la peinture américaine dès 1964, Mosset s’inscrit d’emblée dans le contexte d’une analyse critique de la peinture. En 1964-65, ses toutes premières œuvres évoluent du blanc intégral à l’inscription d’un A, première lettre de l’alphabet, degré zéro de la composition et du message. En 1966-1967, c’est la forme choisie qui devient signature : pour Mosset un cercle noir de 15,5 cm de diamètre et de 3,25 cm d’épaisseur, peint au centre d’un carré de 1m x 1m.

A l’occasion des manifestations organisées conjointement avec Daniel Buren, Niele Toroni, Michel Parmentier, cette figure de cible jouxte les rayures, marques de pinceau, bandes tout aussi neutres, choisies par les autres membres du groupe. La réalisation des cercles se poursuit jusque 1975.

Poursuivant le questionnement sur la signature et l’anonymat, trois des œuvres présentées dans l’exposition sont des collaborations avec un autre artiste. Andy Warhol, jouant de sa notoriété, signe un grand monochrome jaune caractéristique de Mosset. Au-delà de la radicalité des années BMPT, Mosset revendique, dès 1977 par la pratique du monochrome, une vérité née de la peinture considérée comme objet.

(…)

 Certains artistes abstraits du début du XXe siècle, notamment autour de Mondrian et de Arp en France, vont accélérer la prise de conscience que le tableau peut être un élément d’intervention dans l’espace qui l’environne. Les artistes minimalistes américains ont défini le « white cube », le cube blanc de la salle, comme le lieu de présentation idéal de l’œuvre. C’est dans cet esprit que Olivier Mosset a pensé l’accrochage de l’exposition de Nîmes, se jouant des grands espaces blancs définis par l’architecture de Norman Foster. Dès 1915, Vladimir Tatline en réaction aux toiles cubistes qu’il venait de découvrir, avait proposé des contre-reliefs de coin, sculpture fixée à deux murs adjacents. Dans la première salle de l’exposition Red Square, 1998-1999 reprendra cette position tandis que la White Ceiling Painting, suspendue au plafond, surplombe les visiteurs.

Frank Stella invente les shaped-canvas en 1975, toiles dont le bord extérieur reprend exactement le motif peint. L’intérêt de Mosset pour les shaped-canvas coïncide avec un certain retour de la composition dans son œuvre, avec l’apparition de champs de couleurs contrastés dans la toile. Mais contrairement aux expérimentations d’un Stella ou plus encore de Ellsworth Kelly, la forme de la toile n’est pas déterminée par une sorte de géométrie sensible mais par l’emprunt de formes toute faite, telle l’étoile déclinée en rouge, rose et bleue dans l’exposition.

Dès 1977, le monochrome fait son entrée dans le travail de Mosset comme la solution la plus efficace pour la peinture, son état de plus grande saturation. Souvent de grands formats, comme les cinq toiles, de 4 x 6 m réalisées en 1989 par Mosset pour le Pavillon suisse de la Biennale de Venise (1990), le tableau est un espace physique à arpenter, pas seulement à regarder, développant l’une des intuitions que Matisse formulait dès 1908 dans ses écrits que de vert est plus vert que… et affirmant que la peinture n’est pas un spectacle mais un fait.